Partager :
Claire LANGE & Lucie ROY - Ilaké

Claire, Lucie, pouvez-vous vous présenter auprès de nos lecteurs et nous parler de vos parcours ?

Je suis Claire LANGE, et je suis Lucie ROY, nous avons toutes les deux 34 ans.

Claire : Originaire de la région parisienne, j’étais en faculté d’économie, mais cela ne me convenait pas du tout. J’étais très attirée par l’artisanat. Pendant un an, j’ai effectué de nombreux stages dans différents ateliers autour de Paris, ce qui m’a permis de confirmer mon choix d'orientation. Pendant cette expérience, j’ai découvert un vitrailliste. J’ai beaucoup aimé le côté multicasquettes : créatif, technique et chantier (il ne faut pas avoir peur de monter à 15m de haut sur un échafaudage !). J’ai quitté la fac pour me lancer dans un CAP Vitrail en apprentissage dans une école en Lorraine (Cerfav) avec une entreprise grenobloise. C’est dans cette école que j’ai rencontré Lucie.

Lucie : Je suis originaire de Lyon. Toute jeune, le domaine artistique m’intéressait, surtout celui du travail de la lumière. Je savais que je me destinai à une orientation professionnelle dans le domaine de l’art. J’ai donc d'abord obtenu mon baccalauréat, puis je suis allée dans trois différentes facultés d’arts plastiques jusqu’à intégrer le Cerfav. Notre rencontre a été très importante l’une pour l’autre. Nous avions des points communs qui nous ont rapidement conduit à collaborer ensemble sur nos projets d'études. L’année suivante, Claire a rejoint ma formation.

Au fil du temps, nous avons créé un groupe de 6 étudiants. Nous aimions la création, mais nous ne nous voyions pas intégrer des ateliers en tant que salariés. Nous avions l’envie de nous lancer à notre compte, mais nous avions que 22 ans et nous avions un peu peur. Nous avons donc voyagé chacune de notre côté pendant deux ans afin de continuer à nous former dans des ateliers de verre, et nous nous étions donné rendez-vous au Cerfav pour une formation d’aide à la création d’entreprise si nous en avions toujours envie. Deux ans plus tard, nous étions 5 (sur les 6) à intégrer cette formation avec l’envie commune de créer une coopérative. En 2016, nous avons créé la SCOP Kaléidosco.

Quatre ans plus tard, à l’occasion de nos voyages, nous avons rencontré nos compagnons, originaires de Gap et de Grenoble, mordus de montagne. Pour toutes les deux, venir dans les Hautes-Alpes devenait alors une évidence, voire une chance, avec la diversité de fleurs de montagne comme source d’inspiration dans nos créations.

Avant de quitter la Lorraine pour les Hautes-Alpes, une rencontre inattendue lors d’un salon professionnel a bouleversé nos projets. Le bras droit d’Alain DUCASSE, qui ouvrait un nouveau restaurant au Japon, a « craqué » sur l’un de nos échantillons qui était destiné à du vitrail contemporain, il le souhaitait en assiette. C’est ainsi que nous sommes entrées dans le monde des arts de la table.

Vous êtes désormais entrepreneures, pouvez-vous présenter votre entreprise ?

En septembre 2020 nous avons donc créé notre société et nous avons trouvé un local pour y installer notre atelier dans le Champsaur, entouré par les montagnes. Ilaké est un atelier de verre dédié aux arts culinaires, tout est fait par nos soins à Saint-Laurent-du-cros. Nous nous adressons principalement aux chefs cuisiniers pour des assiettes sur mesure ou issues de nos collections personnalisables.

Il est difficile de dire qu’il s'agit de « nos » créations parce que c’est beaucoup la leur.  Avant de faire une proposition aux clients, nous échangeons avec le chef, nous nous inspirons de son univers culinaire, de ses singularités, des plats signatures et de ses sensibilités. Nous assayons de comprendre ce qui l’anime avant de lui proposer des créations. Nous avons la chance de travailler avec des artistes et des designers. Le bouche-à-oreille a largement dépassé nos montagnes, nous travaillons à l'échelle nationale mais aussi à l'international puisque nous nous avons notamment eu des clients aux États-Unis, collaboré avec Louis Vuitton ou le chef Mory Sacko.

Actuellement, nous travaillons sur un nouveau projet afin de créer des luminaires uniques qui nous proposerons également aux particuliers.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours chez Initiative Alpes Provence ?

Nous avions déjà bien entamé les démarches puisque notre plan de financement était bouclé mais nous avons contacté le Réseau Initiative en février 2021. Nous avions conscience que notre niveau de trésorerie initial ne nous permettait pas de grandes marges de manœuvre pour être sereines dans l’activité. Nous avions donc sollicité et obtenu un prêt d’honneur création à 0% accompagné par Brice PELLISSIER.

Les années qui ont suivi Brice nous a rendu visite de nombreuses fois à l'atelier et il nous a également mis en relation avec Olivier HERLENT qui est devenu notre parrain. Olivier a su déceler avec son regard extérieur et ses compétences de chef d'entreprise nos peurs à toutes les deux et il a su nous conseiller à de nombreuses reprises. Olivier nous aide a voir d’un peu plus haut.

Récemment, nous avons fait le SIRHA (Salon de référence de la restauration, l’hôtellerie et l’alimentation). Il s’est « extrêmement » bien passé, mais nous n’étions pas équipées pour produire davantage. Nous devions acquérir un four supplémentaire. Nous avons rappelé Brice PELLISSIER pour un prêt d’honneur croissance.

En 3 mots, pouvez-vous décrire Initiative Alpes Provence?

Réseau / Développement/ Bienveillance

Pour quelles raisons recommanderiez-vous Initiative Alpes Provence à votre réseau ?

Au-delà de la question du prêt financier, c’est une manière de vérifier son projet professionnel, de vérifier si on dispose de toutes les armes nécessaires, de se confronter à un jury (comité d’agrément) varié, d’avoir leurs retours.

Brice PELLISSIER, lors de l’accompagnement ne posait pas des questions pour nous aider à avoir le prêt d’honneur, il posait des questions pour nous aider à structurer notre projet et à nous remettre en question.

C’est précieux, cette aide est gratuite, il est important de ne pas créer tout seul dans son coin, être dans un réseau avec des personnes ressources qui connaissent le territoire (pour nous qui venions d’une autre région) était important.

*Cerfav : Centre Européen de Recherches et de Formation aux Arts Verriers en Lorraine.